Le drame des Maybel

Tous ensembles, nous étions heureux. On riait, on blaguait… Nous n’avions pas le grand luxe mais nous savons tous que vous avez sacrifié beaucoup pour nous quatre, pour cette famille que vous avez fondé avec amour.



Toi maman, tu travaillais comme vendeuse dans une parfumerie et quand tu rentrais le soir, tu râlais toujours car les garçons avaient laissé traîner leurs affaires dans l’entrée puis tu vérifiais si leurs devoirs étaient faits avant de faire le tour des chambres pour récupérer le linge sale. Le dimanche était toujours le jour du repassage avec toi.



Toi papa, tu étais prof de sport et tu entraînais les week-ends l’équipe de basket de l’école du quartier. Le sport a toujours été toute ta vie mais tu trouvais toujours du temps pour faire un panier avec tes enfants. Honnêtement, le barbecue n’était jamais réussi avec toi mais qu’est-ce qu’on riait en te voyant prier pour que les merguez ne soient pas encore carbonisées cette fois-ci.



Le soir du réveillon de Noël, maman travaillait tard et papa était allé la chercher en voiture après que nous ayons fini de décorer le sapin. Nous vous avons attendu longtemps et la dinde était froide quand nous avons entendu résonner la sonnette de la porte. C’était un policier et il nous a apprit l’horrible nouvelle : un chauffard vous avaient percutés et vous étiez morts sur le coup. Notre petit monde s’est effondré d’un coup.



Je voyais mes trois petits frères qui ne savaient plus quoi faire. L’enterrement à été une épreuve horrible pour nous quatre et cela m’a fait prendre conscience à quel point mes cadets auraient besoin de moi pour se remettre de ce qui restera à jamais le pire Noël de notre vie. La décision n’était pas facile à prendre mais nous n’avions personne sur qui compter.



Papa, maman, je sais que vous auriez voulu que j’aille à l’université faire ces études de droit dont je rêve depuis toujours mais j’ai décidé de tout plaquer pour ma famille. Jamais je n’avais vraiment respecté ces bonnes résolutions que l’on prend en début d’année sauf que pour le bien de mes petits frères, il faut que je tienne bon. Moi, Esperanza Maybel, sacrifierai donc mon avenir pour assurer celui de mes cadets.